Urgesat ! Éducation

 
Urgesat ! Éducation
 

 
Ce blog libertarien est consacré à l'enseignement et à l'école.
Sylvain



 
 
 

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23.9.09
 
ATTENTION !
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Tu peux courir ! Le blog.

A bientôt,

Sylvain

10.9.06
 
Citation :
« Ne demandez pas ce que l’Etat peut faire pour vous. Demandez ce que les hommes de l’Etat sont en train de vous faire. »
David Friedman : « Vers une société sans Etat » (éditions Les Belles Lettres, 1992, page 33).

SOMMAIRE :

Vient de paraître : le "Cri du contribuable" n°15.

Actualité : un article à lire de toute urgence : "Les manifestations étudiantes contre le CPE" par Bertrand Lemennicier.

Petits gaspillages entre amis...

"La télé rendrait-elle intelligent ?", un article de Steven Johnson.

Pourquoi ne rien faire le lundi de Pentecôte ?

Résistance libérale : grève le 16 mai 2005 !

Un peu de nostalgie : "Mais comment avons-nous survécu ?" par Léon M.

Un futur possible pour l'enseignement étatisé.

Quelques mots sur "l'Odyssée des sirènes" de Laurent Genefort.

A quoi servent nos impôts ?

Une lettre ouverte rédigée par Xavier Collet à propos des grèves dans l'éducation nationale.

A propos de l'album pour enfants "Calinours va faire les courses" d'Alain Broutin et Frédéric Stehr.

"The Lord of the Welfare States."

Socialisation à tout prix : la pression monte.

En kiosque : "Le Cri du contribuable" n°1.

Dysfonctionnement ?

Education nationale : le début de la misère ?

La CAMIF nous prend pour des c**s !

Lecture : Léon Frapié : après la "Maternelle".

Lecture : Léon Frapié : "La Maternelle".

Le "Débat national sur l'avenir de l'Ecole" : compte-rendu d'une réunion publique.

Bon sens ?

A lire dans la blogosphère : l'Empire de Constantin.

Choses vues (2).

Le voile à l'école : le point de vue de Jacques Garello.

Tout ça pour quoi ? La réforme des retraites de la Fonction publique.

France 2003 : où en est la lutte des classes ?

Deux remarques sur l'école.

Lectures :
"Lettre à tous ceux qui aiment l'école" de Luc Ferry.
"L'éducation contre les libertés" de Dinesh D'Souza.
 
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Vient de paraître : "Le Cri du contribuable" n°15.

Dans le dernier numéro du mensuel de l'association "Contribuables associés", plusieurs articles sont consacrés à l'enseignement et à l'éducation.
Ch.-H. d'Andigné signe tout d'abord un article "mode d'emploi" destiné aux personnes de plus en plus nombreuses qui veulent se lancer dans la création d'une école libre avant de revenir sur le désastre coûteux qu'est l'Education nationale. Ces deux textes sont complétés par une tribune libre de Claude Fouquet justement intitulée « Très chère Education nationale ».

Le Cri du Contribuable" n°15, 2,50€ chez votre marchand de journaux.

Sylvain

20.3.06
 
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Actualité : un article à lire de toute urgence :

"Les manifestations étudiantes contre le CPE" par Bertrand Lemennicier.

Sylvain

16.10.05
 
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Petits gaspillages entre amis...

Ce qui est réellement extraordinaire dans les administrations publiques, c'est la capacité qu'elles ont à générer des gaspillages de toute sorte et cela à tous les niveaux.
Deux exemples récents.

Lors de la dernière année scolaire la municipalité dont je dépends a proposé aux enseignants des classes maternelles et élémentaires intéressés une série d'animations sur le thème des marionnettes. La ville a financé les interventions d'une marionnettiste professionnelle dans les écoles et le résultat a été très intéressant aussi bien pour les enfants que pour les enseignants. On pourrait dire que pour une fois les deniers publics ont été bien employés...
Là où un gaspillage franc apparaît c'est au moment où la municipalité s'est soucié de garder une trace de ces animations, voire d'en informer ses administrés. A la fin de l'année, les classes participantes à ce projet marionnettes ont été informées qu'un photographe viendrait sans doute immortaliser ces séances et que quelques photos paraîtraient dans le magazine municipal. Les écoles ont donc photocopié une autorisation à faire remplir par les parents des enfants concernés par laquelle le photographe avait l'autorisation de prendre les enfants en photo et la ville l'autorisation de publier ces photos. Cette demande d'autorisation est nouvelle. C'est l'application d'un nouveau "droit à l'image" récemment formalisé et qui explique que les photos d'enfants sont désormais "floutées" dans certaines publications.
On peut estimer que les parents d'une dizaine de classes, à raison d'environ 22 ou 23 enfants par classe ont eut cette photocopie.
Finalement, le photographe est bien venu photographier une des classes concernées et à l'arrivée, aucune photo n'a été publiée dans le magazine municipal...

Un autre exemple de petit (?) gaspillage : samedi dernier (le 15 octobre donc), les parents d'élèves ont été appelés à élire leurs représentants au Conseil d'école. Les parents volontaires pour être représentants forment des listes affiliées à une association (généralement PEEP ou FCPE) ou restent indépendants. Il n'y a jamais beaucoup de volontaires et le nombre de votants est en général assez faible. Souvent, il n'y a même qu'une seule liste de parents candidats. La loi actuelle oblige les écoles à organiser des élections même dans ce dernier cas. Tous les parents reçoivent donc une profession de foi et un bulletin de vote. Une urne et un isoloir sont installés par les services municipaux dans les écoles ce jour là. Un bureau de vote est organisé, il est tenu par des parents et par des enseignants pendant tout le samedi matin. Les choses étant ce qu'elles sont, les parents candidats d'une liste unique sont automatiquement élus. Ne serait-il pas possible de simplifier la procédure et de limiter les coûts en n'organisant ces élections que dans les cas où au moins deux listes de candidats sont proposées au suffrage ? Je ne discute pas ici du bien fondé éventuel de ces élections mais de la mauvaise utilisation de l'argent provenant des impôts et des taxes que nous payons. Il serait intéressant de savoir combien d'écoles en France doivent organiser ce vote alors que le résultat est connu d'avance...

Petits gaspillages qui peuvent sembler anecdotiques mais qu'il faut multiplier à l'infini et qui sont réalisés par des politiciens avec de l'argent qui ne leur appartient pas.

Sylvain

19.7.05
 
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"La télé rendrait-elle intelligent ?", un article de Steven Johnson.

Le magazine français "Courrier international" a publié récemment un article à propos des effets positifs que peuvent avoir certaines séries télé récentes et certains jeux vidéos. L'image que renvoie en général les médias de ces phénomènes est en général tellement négative qu'un autre point de vue est vraiment le bienvenu...

Sylvain
(Merci à Eric ABC)

"La télé rendrait-elle intelligent ?
(Watching TV Makes You Smarter)
par Steven JOHNSON

Le 24 janvier dernier, la chaîne Fox diffusait un épisode de 24 heures chrono, un thriller en temps réel connu pour son suspense haletant et sa violence souvent atroce. Les semaines précédentes, la série avait soulevé beaucoup de controverses, notamment sur l'image qu'elle donne des terroristes musulmans et sa propension à montrer des scènes de torture. L'épisode du 24 janvier n'a fait qu'alimenter encore plus la polémique : à un moment, un terroriste engage un tueur pour assassiner son enfant parce que celui-ci ne soutient pas totalement la cause ; à un autre, le ministre de la Défense accepte qu'on torture son fils pour découvrir les preuves d'un complot terroriste.
Mais la violence explicite et les angoisses post-11 septembre 2001 ne sont pas les seuls éléments de 24 heures chrono qu'il aurait été impensable de voir en prime time il y a vingt ans. Ce changement notable dans le contenu s'accompagne d¹un changement tout aussi notable dans la forme. Pendant quarante-quatre minutes, l'épisode établit des connexions entre 21 personnages différents, chacun ayant une personnalité clairement définie et des relations bien précises avec les autres personnages. Neuf intrigues principales se superposent, chacune renvoyant à des événements et à des informations contenus dans les épisodes précédents. Si l'on dresse la carte de toutes ces intrigues et de tous ces personnages qui se croisent et s'entrecroisent, on obtient une structure qui ressemble plus à une oeuvre littéraire comme "Middlemarch" (de George Eliot) qu'à une ancienne série à succès comme Bonanza.

Pendant des années, nous avons tenu pour acquis que le niveau de la culture de masse ne cesse de baisser parce que les "masses" veulent des plaisirs simples et bêtes et que les grands groupes de communication s'efforcent de leur donner ce qu'elles veulent. Or c'est exactement l'inverse qui se produit : la culture de masse exige de plus en plus d'efforts intellectuels. Pour comprendre un épisode de 24 heures chrono, il faut intégrer bien plus d'informations qu'il n'en fallait pour une série comparable d'il y a quelques décennies. Derrière la violence et les clichés ethniques, une autre tendance se fait jour : pour suivre un divertissement comme 24 heures chrono , il faut être attentif, procéder par déduction, suivre l'évolution des relations entre les personnages. C'est ce que j'appelle la tendance Woody et les robots [du nom d'un film de Woody Allen de 1973, dans lequel un homme se réveille dans le futur et découvre que les aliments jugés à son époque mauvais pour la santé sont à présent jugés excellents] : il s'avère en fin de compte que les formes de divertissement de masse les plus dévalorisées ­ les jeux vidéo, les émissions violentes et les séries pour ados ­ ont une valeur nutritive pour l'esprit. La tendance Woody et les robots est à mon sens la plus importante des forces influant aujourd'hui sur le développement mental des jeunes. Et c'est, selon moi, une force largement positive : loin de les diminuer, elle accroît nos facultés mentales. Ce n'est pourtant jamais ce que l'on entend à propos du divertissement de masse. On nous raconte plutôt d'atroces histoires de dépendance, de violence, d'abrutissement. On part du principe que les émissions qui présentent la cigarette ou la violence gratuite sous un jour favorable sont nocives, tandis que celles qui montrent les méfaits des grossesses adolescentes ou de l'intolérance exercent une influence positive sur la société. Si l'on se place de ce point de vue moral, on peut dire que la culture populaire n'a cessé de se dégrader depuis les cinquante dernières années : les histoires sont plus ambiguës et les antihéros se sont multipliés.

On a gagné en réalisme ce que l'on a perdu en clarté morale, rétorque-t-on habituellement à cela. Dans le monde réel, on ne prévient pas le public que certaines images peuvent choquer, et on se porte mieux avec des divertissements comme Les Sopranos , qui reflètent l'état de notre société et son ambiguïté éthique. J'adhère à cet argument, mais tel n'est pas mon sujet ici. Je pense qu¹il y a une autre façon d'évaluer les vertus sociales de la culture populaire, en y voyant non pas des leçons de vie mais des séances d'entraînement mental. La télévision et les jeux vidéo véhiculent sans doute aujourd'hui davantage de messages négatifs, mais ce n'est pas le seul critère pour juger s'ils ont ou non un effet positif. Il faut aussi tenir compte de l'effort intellectuel qu'ils nous obligent à faire. C'est là que la tendance Woody et les robots devient visible.

Dans nombre d'émissions que nous qualifions de "divertissements de qualité" ("The Mary Tyler Moore Show", "Murphy Brown", "Frasier"), l'intelligence se manifeste pleinement dans les paroles et les actes des personnages. Ceux-ci se disent des choses pleines d'esprit et évitent de tomber dans les clichés éculés des sitcoms, et nous sommes ravis d'être en compagnie de ces gens brillants. Mais, à supposer que nous soyons assez intelligents pour comprendre ce qu'ils disent, nous n'avons aucun effort intellectuel à fournir pour apprécier l'émission en tant que téléspectateurs. Ces programmes intelligents ne nous demandent pas plus d'effort intellectuel que les émissions sportives n'exigent d'effort physique.

Mais une autre forme d'intelligence télévisuelle est en plein essor. Songeons aux effets positifs que l'on attribue traditionnellement à la lecture sur le plan cognitif ­ concentration, patience, mémoire, analyse du texte. Eh bien, au fil des années, la télévision s'est mise à faire de plus en plus appel à ces mêmes facultés mentales. La meilleure façon d'appréhender l'effet Woody et les robots, c'est de visionner quelques heures de programmes de la fin des années 1970. Le téléspectateur d'aujourd'hui a de bonnes chances de s'ennuyer ferme devant un feuilleton comme Dallas ­ pas seulement parce qu'il est moins grivois que ce qui se fait aujourd'hui, mais aussi parce que chaque scène est beaucoup moins riche en informations. Avec Dallas, le spectateur moderne n'a pas besoin de réfléchir pour comprendre ce qui se passe. Et, quand on n'a pas besoin de réfléchir, on s'ennuie. La plupart des récentes émissions à succès ­ 24 heures chrono, Survivor [version originale des Aventuriers de Koh Lanta ], Alias, Lost : Retour aux sources, Les Simpson, Urgences ­ procèdent à l'inverse et incluent dans chaque scène un dense réseau de références. Il faut se concentrer pour suivre l'intrigue et, ce faisant, on sollicite les zones du cerveau qui permettent de dresser la carte des réseaux sociaux, d'insérer les éléments d'information manquants, de relier les multiples fils narratifs.

Ce n'est bien entendu pas par altruisme que l'industrie du divertissement accroît la complexité de ses produits. Si la tendance Woody et les robots existe, c'est parce que cela rapporte de rendre la culture plus exigeante intellectuellement. Les chaînes tirant une bonne partie de leurs revenus de la revente de programmes et de l'édition de DVD, elles sont soumises à d'énormes pressions financières pour réaliser des séries qui puissent se regarder plusieurs fois et qui dévoilent à chaque fois de nouvelles nuances. Parallèlement, Internet est devenu un espace d'analyse et de commentaire qui permet à des séries complexes de prospérer : chaque épisode de séries comme Lost : Retour aux sources ou Alias est disséqué sur les sites de fans avec un sérieux qu'on ne connaissait jusque-là qu'aux exégètes bibliques. Enfin, les jeux interactifs ont habitué toute une génération de consommateurs de divertissements à explorer des environnements complexes et à réfléchir vite, et ce public de joueurs attend aujourd'hui une stimulation comparable des séries télévisées.

Quand je dis que la culture populaire nous rend plus intelligents, je ne veux pas dire que les parents n'ont plus à se soucier de la façon dont leurs enfants s'amusent. Je propose simplement de changer les critères pour juger de ce qui est sans intérêt sur le plan cognitif et de ce qui est véritablement utile. Plus que la violence, le mauvais goût, les tenues indécentes ou les jurons, la vraie question est de savoir si une série stimule ou anesthésie l'esprit. Y a-t-il une seule intrigue avec des bons mots prévisibles toutes les trente secondes ou bien un réseau complexe de relations ? Le personnage qu'on voit à l'écran passe-t-il son temps à tirer sur tout ce qui bouge ou essaie-t-il de résoudre des problèmes et de gérer des ressources ? Si vos enfants veulent regarder une émission de téléréalité, incitez-les à voir Survivor plutôt que Fear Factor. S'ils veulent regarder une série policière, préférez 24 heures chrono à New York District. S'ils veulent jouer à un jeu vidéo violent, encouragez-les à jouer à Grand Theft Auto plutôt qu'à Quake.

Enfants et adultes partagent de plus en plus les mêmes passions, et ils ont beaucoup à y gagner. On a trop souvent tendance à voir cela comme des violations de frontières : les gamins de 9 ans à qui il faut expliquer les bijoux de sein à cause de Janet Jackson [celle-ci avait dévoilé un sein décoré lors d'un spectacle donné pendant le Super Bowl 2004, causant un scandale retentissant] ; le quadra qui a hâte de rentrer chez lui retrouver sa Xbox. Mais ce brouillage générationnel a un côté positif, que nous ne valorisons pas assez. Cela oblige les enfants à raisonner comme des adultes : à analyser des réseaux sociaux complexes, à gérer des ressources, à suivre des trames narratives habilement enchevêtrées, à détecter des motifs récurrents. Et les adultes, en retour, apprennent des jeunes à intégrer chaque nouvelle vague technologique, à redécouvrir le plaisir intellectuel du jeu. Les parents doivent voir cela comme une chance, pas comme un problème. La culture intelligente n'est plus cette chose qu'on force ses enfants à avaler, comme les légumes verts. C¹est quelque chose que l'on partage.

Steven Johnson"

("The New York Times" du 24 avril 2005)


P.S. : la VO de cet article est consultable ICI.

P.P.S. : présentation de l'auteur par "Courrier International" :
"Pour l'hebdomadaire Newsweek, il est "l'une des 50 personnes qui comptent le plus sur Internet". Diplômé en sémiotique et en littérature anglaise, ce vulgarisateur scientifique est l'auteur de trois livres à succès, dont "Mind Wide Open : Your Brain And The Neuroscience of Everyday Life" (2004) et "Interface Culture" (1999). Il a été le cofondateur et le rédacteur en chef du webmagazine mythique FEED, lancé en 1995 et aujourd¹hui disparu. Il écrit régulièrement des chroniques dans les mensuels Discover et Wired, et possède un bloc-notes sur Internet intitulé "stevenberlinjohnson.com". L¹article de lui que nous reproduisons dans ces pages est adapté de son livre "Everything Bad Is Good For You : How Today's Popular Culture Is Actually Making Us Smarter", qui vient de paraître aux Etats-Unis et au Royaume-Uni."

13.5.05
 
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Pourquoi ne rien faire le lundi de Pentecôte ?

Finalement, je pense que la grève du 16 mai sera peu suivie dans l’éducation nationale. Tout le monde râle contre la perte d’un jour férié mais peu feront quelque chose.
La tactique la plus répandue semble être l’évitement, sans doute en attendant l’année prochaine où le travail du lundi de Pentecôte entrera dans les moeurs...
Pour le moment, on parle donc de grève du zèle : pas d’apprentissage pour les enfants ce jour-là mais une sorte de super-garderie avec un super-goûter et une super-récréation, du moins si le temps le permet. Ailleurs, les enseignants de toute une école élémentaire se sont inscrits à une demi-journée d’information syndicale le lundi matin. La classe ne sera donc pas assurée au moins cette demi-journée et on peut supposer que les enfants qui se déplaceront l’après-midi seront peu nombreux. J’avoue avoir du mal à ne pas mépriser cette attitude que je trouve à la fois hypocrite et infantile. Qu'est-ce qu'il en a à faire le ministre que certains enseignants soient en information syndicale ce jour-là ou que certaines classes soient transformées en garderie ?
Pour revenir à la demi-journée syndicale, le pire dans cette « solution » est que cette astuce est proposée par le syndicat SNUDI-FO, peut-être le pire des syndicats de l’éducation nationale, celui dont l’horizon indépassable est l’école de Jules Ferry et dont les dirigeants sont des trotskistes « lambertistes » du « Parti des travailleurs », alliés au moins dans certains endroits à des militants gaullistes... Dans la guéguerre perpétuelle que se livrent les syndicats de l’éducation nationale, les militants du SNUDI imaginent sans doute qu’ils viennent de marquer quelques points contre leurs concurrents.

Pourquoi cette passivité ? Les enseignants avaient là l’occasion de faire grève pour des motifs valables et avec le soutient sans doute important (pour une fois !) de la population. Mon hypothèse est que les enseignants sont mal à l’aise pour dénoncer la création d’un nouvel impôt. Pour la gauche et pour une bonne partie de la droite, l’impôt, fondamentalement, c’est bien. Grâce à lui, l’Etat peut financer ces services publics que le monde entier ne nous envie pas et grâce à une politique fiscale toujours bien inspirée, il permet de redistribuer une bonne partie de la richesse produite en France sous l’autorité concernée des politiciens et autres fonctionnaires. Ce sentiment est d’autant plus prononcé qu’on est proche ou membre d’une des bureaucraties syndicales qui règnent sur l’éducation nationale. Les enseignants de base râlent beaucoup contre la perte d’un jour férié, les militants syndicaux ou politiques déjà beaucoup moins. Même l’hostilité quasi-générale au premier ministre « libéral » Raffarin ne suffit pas à amorcer la pompe. J’excepte de ce schéma quelques militants irréductibles fanatiques trotskistes ou « anarchistes » qui feraient grève pour la taille des feuilles de papier-toilette si cela était possible. Pour eux, la grèèèèève n’est plus un mode d’action mais un mode de vie.
Il semble donc qu’il n’y ait pas grand chose à attendre des enseignants actuels en ce qui concerne l’opposition à l’impôt.
L’opposition à l’impôt, voilà bien l’un des thèmes fondateurs d’une opposition et d’une résistance libérales...

Sylvain

5.5.05
 
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Résistance libérale : grève le 16 mai 2005 !

Voici le tract que je vais diffuser auprès des collègues de mon école, des parents de mes élèves et des institutrices de mes enfants à l’occasion de la suppression du jour férié de la Pentecôte et de l'instauration d'un nouvel impôt.

Sylvain

Pourquoi je ferai grève le lundi 16 mai 2005 :

Prenant prétexte de l’exceptionnelle vague de chaleur de l’été 2003, le gouvernement a créé un nouvel impôt de 0,3% de la masse salariale brute annuelle des entreprises et des administrations.
Alors que les deux tiers des décès attribués à la canicule ont eut lieu dans des établissements publics censés être contrôlés par l’Etat (hôpitaux, cliniques et maisons de retraite), le gouvernement tente de culpabiliser la population afin de lui extorquer environ deux milliards d’euros supplémentaires.
Il s’agit donc pour lui d’instaurer un jour de travail supplémentaire non rémunéré.
Il n’est pas acceptable ni légitime de réintroduire en France ce qui n’est ni plus ni moins que du travail forcé.

Dans un pays où les prélèvements obligatoires (taxes et impôts) représentaient 55,9% du Produit intérieur net en 2002 (derniers chiffres connus) et alors que l’endettement public atteint 1065 milliards d’euros (soit 17 000 euros par Français, y compris les nouveau-nés), toute nouvelle augmentation des taxes et des impôts est inacceptable.

En conséquence et en signe de protestation, je ferai grève lundi 16 mai 2005 et mes enfants n’iront pas à l’école ce jour-là.

Bien cordialement,

Sylvain G.

Références :
- « Pression fiscale : le ratio Insee contestable » par Xavier Badin, collection « Les monographies de Contribuables associés » n°1 (10 septembre 2004) ;
- « Dette publique : l’avenir de nos enfants hypothéqué », mini brochure des « Contribuables associés » (10 janvier 2005).


P.S. : pour les quelques personnes qui seraient dupes de la phraséologie gouvernementale, voici un très bon article de Guillaume Vuillemey qui exprime bien le point de vue libéral sur la question : "Suppression du lundi de Pentecôte et solidarités".

P.P.S. : à lire aussi : "L'impôt qui n'ose pas dire son nom" par Eric Lamaison, article paru dans "Le Cri du contribuable" n°4 (Juillet/Septembre 2005) pages 30 et 31.

2.5.05
 
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Un peu de nostalgie : « Mais comment avons-nous survécu ? » par Léon M.

« Mais comment avons-nous survécu?

La vérité c'est que je ne sais pas comment nous avons pu survivre à notre enfance !
En y pensant, il est difficile de croire que nous avons survécu.
On voyageait dans des voitures sans ceintures de sécurité, sans sièges spéciaux et sans airbag,
On faisait des voyages de 10 - 12 heures avec 5 personnes dans une Renault 4 ou une Mini et on n'avait pas le syndrôme de la classe Touriste.
Nous n'avions pas des portes avec protections, des armoires ou des boîtes de médicaments avec des couvercles spéciaux pour enfants.
On allait à vélo sans casque, sans protections pour les genoux ni les coudes.
Les balançoires étaient de métal avec des coins pointus et nous jouions pour voir qui était le plus fou.
On passait des heures à construire nos "véhicules" avec des bouts de roues pour descendre les côtes et alors seulement nous découvrions que l'on avait oublié les freins.
Apres s'être éclatés contre un arbre, on apprenait à résoudre le problème.
On jouait au "mouchoir" et aux "gendarmes et aux voleurs" et personne ne souffrait d'hernies ou de vertèbres déplacées.
On sortait de la maison le matin et jouait toute la journée, et on rentrait seulement quand les lumières de la rue s'allumaient.
Personne ne pouvait nous localiser.
On cherchait du bois dans les poubelles ou n'importe où et on faisait des cabanes pour passer un moment dedans.
Il n'y avait pas de portables.
On se cassait les os et les dents et il n'y avait aucune loi pour punir les coupables.
On s'ouvrait la tête en jouant à la guerre avec des pierres et tout se passait bien, c'était des trucs d'enfants et on se soignait avec du mercurochrome (rouge) et quelques points de suture et le jour suivant on était tout content.
La moitié de nos compagnons de classe avait le menton cassé ou quelques dents en moins, ou une bosse à la tête.
On se battait et on se mettait sur la tronche les uns aux autres et on apprenait à le surmonter.
On allait en classe chargé de livres, tous mis dans un sac a dos qui, rarement, avait des renforts pour les épaules et encore moins souvent des roues !!!
On mangeait des bonbons et on buvait des sodas mais sans être obèses.
Oui des fois certains étaient gros comme dans tous les groupes.
On était toujours en train de courir et jouer en plein air.
On partageait des boissons et personne ne tombait malade.
On attrapait seulement des poux dans les cheveux, et nos mères arrangeaient tout ça en nous lavant la tête avec du vinaigre chaud.
On n'avait pas de Playstations, ni de Nintendo 64, de jeux vidéos, pas 99 chaînes de télé, ni films en DVD, portables, ordinateurs Internet, mais on s'occupait en lançant des bombes à eau et en se battant sur le sol, en déchirant nos habits.
Nous, oui, on avait des amis.
On se donnait rendez-vous et on sortait ensemble.
Et si on n'avait pas de rendez-vous, on sortait dans la rue et là on se rencontrait et on jouait aux billes, à cache-cache ... que du high tech !
On y allait en vélo ou en marchant jusqu'à leur maison et on appelait à la porte.
Imaginez vous ! sans demander la permission aux parents, et on allait seul, là, dehors, dans ce monde cruel ! sans personne de responsable !!
Comment avons nous fait ??
On inventait des jeux avec des bouteilles, des bouts de bois et des ballons de foot improvisés.
On buvait l'eau directement du robinet dans les fontaines publiques ou les chiens avaient bu !
On allait chasser des lézards et des oiseaux avec un fusil à plomb avant d'être majeur et sans adulte.
Aux jeux, à l'école, il n'y avait pas tout le monde qui participait.
Ceux qui n'y participait pas, devaient surmonter seul la déception.
Quelques écoliers n'étaient pas intelligents comme les autres et devaient redoubler. Ils n'avaient pas inventé les examens de rattrapage !
Et on sortait avec des filles en les persécutant pour leur toucher les fesses et les seins, on jouait à leur faire des bisous, avec audace et pour de vrai !
On était responsable de nos actions et on assumait les conséquences.
Il n'y avait personne d'autre pour décider.
L'idée d'un père nous protégeant, si on transgressait une loi, était inadmissible, et si notre instituteur nous donnait une correction ou une claque, on se taisait de crainte d'en prendre une autre en racontant cela à nos parents.
On était libre, il y avait des hauts et des bas, des responsabilités et on apprenait à grandir avec tout ça. »

Léon M.


Merci à Turuk d'avoir signalé ce texte sur le forum liberaux.org.

10.4.05
 
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Un futur possible pour l'enseignement étatisé :

C'est une question prospective, l'avenir est-il ICI ?

Sylvain

(Merci à Martin Masse.)

19.2.05
 
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Quelques mots à propos de « l’Odyssée des sirènes » de Laurent Genefort :

Après la prétendue « gratuité » fantasmée par la FCPE, « gratuité » qui n’est que le masque du vol et du racket organisé, je viens de lire dans un livre de Laurent Genefort quelques lignes qui m’ont fait bien plaisir.
« L’Odyssée des sirènes » est un roman pour jeunes lecteurs (disons, à partir de dix ans) qui raconte une aventure arrivée à Alaet, un jeune garçon orphelin qui vit dans un monde appelé Wethrïn. Dans ce monde qui tient des mille et une nuit, Alaet vit des aventures fantastiques. Il rencontre des personnages, humains ou monstres de toutes sortes.
Dans « l’Odyssée des sirènes », Alaet a quitté sa ville natale de Karnab et attiré par des panneaux publicitaires placés le long de sa route, il arrive à Jinjamandou. Là, il finit par entrer dans l’auberge de « l’Oeil du cyclope » où il commence son repas quand un habitant de la ville entre dans l’auberge. Cet homme s’aperçoit qu’un diamant a disparu de sa poche et fait appeler la garde. Les soldats arrivent et Alaet trouve le bijou volé dans sa poche. Il est aussitôt arrêté et, dés le lendemain, il est jugé et condamné à être emprisonné dans un bateau prison jusqu’à ce que sa famille paye la rançon qui est demandée pour sa libération. Plus tard, d’autres prisonniers qui sont dans la même situation lui explique qu’il s’agissait d’un coup monté et organisé par Tourab’chek, le sultan de la ville. Alaet s’étonne :

« - Mais pourquoi les habitants de Jinjamandou ne protestent-ils pas ? Ils ne sont pas tous malhonnêtes...
Le sourire de Boran disparut.
- C’est là que le sultan de cette maudite ville s’est montré malin : car justement, tout le monde à Jinjamandou profite des rançons versées à la garde municipale par Tourab’chek. Tu as remarqué combien les rues sont propres, combien les façades des bâtiments rutilent, pour un port sans importance ? Les marchandises sont acheminées gratuitement ; on dit aussi que les habitants ne payent pas leur eau...
Les pièces du puzzle s’assemblaient dans l’esprit d’Alaet : les affiches qui vantaient les mérites de la ville auprès des voyageurs, l’insistance des habitants pour qu’il se rende à
l’Oeil du cyclope... Tout était bien organisé. »
Laurent Genefort : « L’Odyssée des sirènes » (éd. Degliame, 2004), page 31.

Le pouvoir politique qui rançonne les voyageurs, une police et une justice aux ordres, des « services publics » financés par l’extorsion de fonds et dont les habitants profitent « gratuitement »... tout cela est bien vu.
Alaet vivra bien d’autres aventures après ce passage forcé dans la prison de Jinjamandou. « L’Odyssée des sirènes » est un excellent roman pour la jeunesse et se lit avec beaucoup de plaisir par les adultes. Il s’agit essentiellement d'une aventure maritime où Alaet et ses compagnons doivent remplir une importante mission pour le compte du peuple des sirènes. Bien des obstacles se dresseront sur leur route...

Sylvain

7.2.05
 
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A quoi servent nos impôts ?

Quand on a des enfants d’âge scolaire, on a forcément entendu parler de la « FCPE », la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves. Créée après la guerre par des enseignants eux-mêmes parents (et très souvent adhérents du SNI, le Syndicat National des Instituteurs, ancêtre du SE et SNUIPP actuels), cette fédération de « soviets » de parents d’élèves est la plus importante organisation de parents dans l’enseignement public.
C’est souvent d’ailleurs en réaction à l’omniprésence de la FCPE que certains parents adhèrent à la PEEP, organisation rivale plutôt classée « à droite »...
Car la FCPE est de gauche. Les militants du P.S., du P.C., écologistes ou d’extrême-gauche s’y retrouvent et tous ses responsables sont également militants d’un parti politique de gauche.
La FCPE soutient systématiquement les revendications des enseignants et mène une campagne perpétuelle pour la scolarisation précoce, l’intégration des enfants handicapés ou la prétendue « gratuité » totale de l’école c’est-à-dire, sans langue de bois, le financement intégral par l’impôt de tout ce qui peut coûter à l’école. On a vu ainsi la FCPE demander que les sorties scolaires ne coûtent rien aux familles (et qu’elles soient donc financées par des subventions municipales par exemple) ou que toutes les fournitures scolaires (y compris le cartable) soient « données » par les communes.
Depuis quelques années, la FCPE a trouvé un nouveau terrain de propagande : les « échanges et informations sur la parentalité ». Il s’agit de réunions ouvertes à tous et « gratuites » où les parents curieux ou en difficultés peuvent rencontrer d’autres parents et débattre avec eux. Ces réunions sont en général animées par un professionnel. Le thème de cette année dans ma ville est :
« Aider mes enfants... à se construire... solidement »
et les questions tournent autour des relations parents-enfants, des références éducatives des parents et des obstacles « à la progression des uns et des autres ». Les réunions sont animées par Mme C., « Formatrice en Relations Humaines » (les majuscules sont dans le texte).
Si on imagine bien quelles sont les valeurs véhiculées dans ces réunions, car la FCPE ne saurait être neutre, une mention en bas de tract mérite toute notre attention :

« Nous vous rappelons enfin que ces rencontres organisées par la FCPE de l’Oise sont gratuite pour les participants, et que leur coût est assuré par des subventions accordées par différents organismes et municipalités. »

« Gratuite pour les participants », peut-être mais pas pour le contribuable !
On a en résumé ici la logique social-démocratie dans toute sa splendeur : on abrutit la population par une propagande que ces « cochons de payants » que sont les contribuables doivent eux-mêmes financer.
Cerise sur le gâteau : le tract faisant la retape pour ces réunions est distribué par des enseignants des écoles publiques...

Sylvain


(Et en plus, ils ne savent pas compter !;-))

P.S. : les deux dessins illustrant ce post ont été trouvé sur des sites de la FCPE.

26.1.05
 
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La résistance libérale, ENFIN ?

Jeudi 20 janvier dernier a eu lieu une de ces grèves dont les syndicats de fonctionnaires et assimilés ont le secret : la prise en otage de la population par la fermeture des classes, voire des écoles en grève ce jour-là.
Ces grèves ont deux fonctions liées entre elles mais qu’il ne faut pas confondre.
D’une part, les partis politiques de gauche, et d’abord le parti socialiste aimeraient revenir bientôt au pouvoir, il faut donc périodiquement se « mobiliser » contre ce gouvernement dit « de droite ». Les enseignants et autres fonctionnaires sont pour eux d’abord un réservoir de voix pour les prochaines élections et il faut régulièrement s’assurer de la fidélité et de la « mobilisation » de ces électeurs qui doivent se comporter comme une clientèle captive.
L’autre fonction de ces grèves est de faire pression sur la population afin de refuser toute réforme ou toute remise en cause si petite soit-elle du système actuel. Trop de fonctionnaires qui coûtent trop chers vu leur efficacité ? Ce n’est pas grave, il faut recruter encore plus de fonctionnaires ! Les impôts et les taxes ponctionnent au moins 50% de la richesse produite dans ce pays ? Là aussi, ce n’est pas un problème pour la plupart des fonctionnaires qui ne peuvent pas comprendre que l’impôt, c’est le vol.
De temps en temps quand même l’opposition libérale parvient à faire entendre sa voix, on l’a vu il y a quelques années avec les manifestations organisées par l’association « Liberté-Chérie ». Aujourd’hui, c’est un enseignant libéral scandalisé par le tract que sa fille a rapporté de l’école qui a écrit une « lettre ouverte » aux enseignants grévistes. Il s’appelle Xavier Collet et voici ce texte. Personnellement, si je suis d’accord sur le fond avec Xavier Collet, j’émets des réserves sur la récupération possible de son indignation par le député-maire UMP du coin qui s'est montré très intéressé par cette affaire. Je ne connais pas les convictions personnelles de ce député-maire mais l’UMP aujourd’hui, en tant que parti politique est tout aussi collectiviste que le parti socialiste, simplement sa clientèle privilégiée n’est pas la même. Plutôt que le salaire des enseignants, l’UMP se préoccupe des subventions aux agriculteurs (50% du budget de l’Europe reversés à 2 ou 3% de la population quand même !) et a réussi à transformer récemment les débitants de tabac en assistés sociaux. Il n’y a rien de bon à attendre de l’UMP, ce parti crypto-socialiste de droite.

Sylvain

« AUBIGNY : CESSER D’INSTRUMENTALISER NOS ENFANTS
Copie remise à M. le Député Maire d’Aubigny, le Journal de Gien, le Berry Républicain, la Nouvelle République.
A l’intention des enseignants de l’école des Grands Jardins d’Aubigny.

Ma petite Marie m’a remis ce mardi un tract que vous lui avez confié, elle est devenue l’espace de quelques instants la petite postière de votre cause. Dans ce tract vous prétendez vouloir assurer la réussite de tous les élèves et répondre aux besoins de la société en luttant contre la politique gouvernementale concernant le service public. Mais vous en venez ensuite à ce qui vous préoccupe vraiment : « Ces atteintes concernent l'ensemble des services
publics : réduction de ses missions, réduction du nombre de fonctionnaires, aucune reconnaissance du travail des agents de l'état, qui n'ont pas obtenu de revalorisation salariale et subissent une baisse constante de leur pouvoir d'achat. »
Puis vous appelez les parents à vous rejoindre en participant avec vous à une manifestation antigouvernementale à Bourges au nom du toujours plus d’Etat, et de la pérennité des monopoles publics (EDF, La Poste, …). Croyez vous vraiment que les parents d’élèves ont vocation à défiler avec la CGT, FO, la LCR et le parti communiste ?
Alors puisque ce tract s’adresse aussi à ma femme et à moi, je vais vous répondre et vous expliquer en quoi il ne peut susciter qu’indignation. Indignation car vous n’hésitez pas à mentir sur les motifs de cette grève en faisant croire que l’école des Grands Jardins serait menacée par des mesures gouvernementales alors qu’en réalité vous ne faites qu’obéir à des mots d’ordre politiciens lancés par les grandes centrales syndicales. Indignation car enseignant moi-même je considère comme lamentable l’image que vous donnez de notre profession, arc-boutés que vous êtes sur de petits avantages catégoriels et solidaires de tous ceux qui comme vous défendent des « situations acquises » en vous abritant derrière un intérêt général dont vous seriez les garants. Mais pour qui vous prenez vous ? Indignation car vous utilisez, à votre bon vouloir, les moyens payés par les contribuables de notre ville pour imprimez vos tracts, ce qui s’apparente à de l’abus de biens sociaux. Mais indignation au-dessus de tout car nous vous confions nos enfants afin qu’ils bénéficient d’une instruction prodiguée par une école laïque donc supposée idéologiquement, politiquement et religieusement neutre. Confier ainsi notre progéniture à des pédagogues est un acte de confiance et d’espérance en leur futur. Mais qu’avez-vous fait de notre confiance ?

Oublieux de votre mission, vous avez choisi d’INSTRUMENTALISER nos enfants qui vous sont confiés, vous l’avez fait en remettant ainsi ce tract à une petite fille de 8 ans et à tous ses petits camarades. Enfin j’aimerais croire que ma parole portera et que vous saurez la considérer afin de vous excuser publiquement vis-à-vis des parents et des enfants à qui vous avez donné un bien mauvais exemple, vous qui vous devez d’être exemplaire de par votre mission.

Xavier Collet »


On peut aider Xavier Collet en envoyant des messages de soutien aux adresses suivantes :

- Madame la directrice de l’école primaire des Grands Jardins, rue des Grands Jardins, 18700 Aubigny sur Nère ;
- Monsieur le Député Maire, place de la Résistance, 18700 Aubigny sur Nère ;
- Le Berry Républicain, 1 et 3, place du Berry, 18023 Bourges ;
- La Nouvelle République, BP 223, 2 place Planchat 18005 Bourges.

Plus d'informations sur le site de l'Association des Libertariens (ADEL).

18.12.04
 
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Alain Broutin et Frédéric Stehr :
« Calinours va faire les courses »

L’école des loisirs (1988 et 2001).

Calinours est un petit ourson bien connu des enfants à travers plusieurs albums comme « Calinours se réveille » à propos de l’arrivée du printemps ou « Calinours va à l’école. Je voudrais attirer ici l’attention sur l’album « Calinours va faire ses courses » dont le récit présente de manière positive le commerce et les échanges libres, ce qui n’est pas si fréquent.

Un jour, son panier dans une main et une pièce d’or dans l’autre, Calinours va faire ses courses. Dans la première partie de l’histoire, il va acheter successivement du miel aux abeilles, des pommes de terre au hamster, de la laitue à la tortue, un sac de farine à la fouine, des berlingots à la poule d’eau et un sac de riz à la souris - ça rime et c’est fait exprès, beaucoup d’albums pour enfant adoptent ce principe. Calinours a dépensé tout son argent, son panier est bien lourd et fatigué, il s’endort. Il est réveillé par le blaireau qui lui propose d’échanger sa farine contre un beau chapeau. Calinours accepte et se rendort... pour être réveillé par la perdrix qui lui propose d’échanger une de ses plumes contre le sac de riz. Calinours accepte encore, il met la plume sur son chapeau et se rendort.
C’est le dindon qui le réveille pour la troisième fois pour lui demander d’échanger un noeud papillon contre la laitue. Calinours dit oui et comme maintenant il a faim, il mange son miel et les berlingots. Il reprend sa route et rencontre bientôt le sanglier qui lui échange ses pommes de terre contre un nez de clown. Calinours est ravi. Un peu plus tard, il donne son panier (qu’il a fabriqué lui-même) à l’hirondelle qui va en faire un nid pour ses amis. Pour le remercier, elle lui remet une pièce d’or.
Calinours retournera demain faire ses course. En attendant, il coupe de l’osier et commence à fabriquer un nouveau panier...

Beaucoup de bonnes choses dans ce récit : le commerce, les échanges volontaires qui se traduisent par un mieux-être pour ceux qui les pratiquent et la monnaie. Calinours travaille, il achète, il échange et à la fin, il a plus qu’il n’avait au départ et a été nourri sans que personne n’en souffre. La seule chose qu’il ne fait pas, c’est vendre son panier à l’hirondelle. Sans doute que cet acte, pourtant logique vu l’histoire aurait été trop « économiquement incorrecte ».

Nous savons bien que le commerce libre et les échanges volontaires n’ont pas bonne presse dans notre société. Ce sont pourtant les seuls moyens connus d’augmenter la liberté et la prospérité de tous.

Sylvain

P.S. : pour une exploitation pédagogique plus classique, on pourra se référer au dossier "Autour d'un album : Calinours va faire les courses" paru dans le magazine "La classe maternelle" n°106 (février 2002).

11.12.04
 
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"The Lord of the Welfare States".

« La Voix du Syndicat » est le bulletin bimensuel de la fédération de l’Oise du syndicat d’obédience communiste SNUIPP-FSU. Dans le dernier numéro daté décembre 2004, on trouve une page consacrée aux salaires dans la fonction publique avec une accroche agressive « PARLONS VRAI ! ».
L’article en lui-même est peu intéressant, le but étant de démontrer que les salaires ont baissé dans la fonction publique depuis l’année 2000 et donc qu’il faut les augmenter...
Plus intéressante est la conclusion, c’est-à-dire les trois dernières lignes qui sont d’ailleurs imprimées en caractères gras. Les voici :

« Les salaires sont un élément de la croissance par la consommation. Ils influent ainsi sur l’emploi et sur les recettes fiscales. Augmenter les salaires des fonctionnaires, comme ceux de l’ensemble des salariés, c’est socialement juste, et c’est économiquement efficace. »

Evidemment, on ne va pas demander à un syndicat communiste de fonctionnaires de savoir de quoi il parle. Le but est d’augmenter toujours plus la part du gâteau dévolu aux enseignants sans trop se soucier des conséquences sociales (justement) de cette attitude. Mais quand même, je me demande si ceux qui ont rédigé cette proclamation sont sincères ou s’ils nous prennent pour des imbéciles.

Tous les fonctionnaires savent bien que leurs salaires et leurs primes proviennent des impôts et des taxes payés par l’ensemble de la population. Si j’en crois le texte ci-dessus, les salaires des fonctionnaires et donc leur consommation permettent d’augmenter le nombre d’emplois et les recettes fiscales de l’Etat. Sur ce dernier point, une partie de l’argent donné par l’Etat lui revient et cela aurait des conséquences sociales positives. Par quel miracle, on ne sait pas.
Par ailleurs, le fait que le nombre de chômeurs ne baisse pas en France alors que le nombre de fonctionnaires ne cesse d’augmenter est bien sûr pure coïncidence.
On admirera au passage la solidarité en parole : augmenter les salaires des fonctionnaires, certes, mais aussi ceux de « l’ensemble des salariés ». A se demander pourquoi il y a si peu de syndiqués dans le privé...
Enfin, comme d’habitude, il est hors de question de penser que le poids des prélèvements obligatoires et des déficits est un problème. Après nous, le déluge !
J’aimerais savoir ce qu’en pensent ceux que j’appelle les « travailleurs réels », c’est-à-dire les personnes dont les revenus proviennent d’une activité payée volontairement par la population...

Sylvain

9.11.04
 
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Socialisation à tout prix : la pression monte.

L’une des pires choses qui puissent arriver à des enseignants est d’avoir un nouvel inspecteur ou plus souvent une nouvelle inspectrice qui fait du zèle parce qu’il ou elle n’a pas l’intention de rester inspecteur/trice toute sa vie. Vous voyez débarquer, mettons une nouvelle inspectrice, ancienne institutrice, ancienne chargée de mission à l’Inspection académique qui manifestement n’en restera pas là.
A travers les réunions et les notes de service et assez rapidement après la rentrée de septembre, on voit s’étaler franchement l’idéologie véhiculée par l’Education nationale et ses personnels d’encadrement.
L’une des directions privilégiées aujourd’hui est la socialisation précoce et forcée des enfants.

On sait déjà combien la pression est forte pour scolariser les enfants de deux ans. Il s’est trouvé une rencontre entre le désir de certaines familles (les enfants à l’école coûtent moins chers que les enfants chez une nourrice), celui de certains syndicats du premier degré (car les effectifs baissent d’année en année dans cette tranche d’âge d’où la baisse du nombre d’enseignants, d’où l’affaiblissement de certaines structures syndicales) et l’idéologie plus ou moins diffuse de l’Etat français (qui a tendance à considérer que la famille, c’est mauvais) pour développer ces classes monstrueuses que sont les TPS ou « Très Petites Sections ». Il faut vraiment ne rien connaître aux enfants pour penser qu’un enfant peut être heureux en collectivité à deux ans, séparé de ses parents.

Cette volonté de socialisation à tout prix des enfants s’exprime aussi à travers d’autres biais comme la scolarisation des enfants handicapés. Cette scolarisation se fait souvent en dépit du bon sens sans forcément que les enseignants confrontés à ce problème soient aidés et sans tenir aucun compte des effets négatifs que les enfants non handicapés peuvent ressentir.
Traditionnellement, les enfants ne pouvaient être accueillis à l’école que du jour où ils étaient propres. Cette scolarisation des enfants handicapés a permis de contourner cette habitude puisqu’on a vu des enseignants changer les couches de leur élève handicapé. Désormais et c’est officiel, il n’y a plus besoin d’être propre pour aller à l’école maternelle.

D’autres mesures prisent récemment en maternelle par cette nouvelle inspectrice zélée montrent que tout est bon à prendre du moment que la scolarisation des enfants augmente.
Le plus anodin pour commencer : l’extension des horaires de fin de classe de 11 heures 20 à 11 heures 30 le matin et de 16 heures 20 à 16 heures 30 le soir. Pas grave peut-être mais mesure prise sans aucune concertation avec les parents, ni avec les enseignants. Je connais plus d’une famille qui a des enfants à la fois en maternelle et en élémentaire et qui aura des difficultés à récupérer des enfants qui sortent en même temps de deux écoles différentes.

Second élément : les enseignants doivent désormais pousser les familles à scolariser les petits (donc âgés de trois ans) l’après-midi pour faire la sieste à l’école et non à la maison. Quel intérêt pour les enfants ? Aucun mais les choses se précisent.

Troisième élément : les enfants sont censés venir à l’école tous les jours, y compris le samedi matin. Dans le principe, pourquoi pas, sauf que certains enfants mangent à la cantine tous les jours de la semaine car leurs deux parents travaillent. Si ces parents là peuvent passer les deux jours du week-end avec leurs enfants, je me vois mal les dénoncer à l’inspectrice...

Voilà, j’ai bien conscience que chaque élément pris individuellement peut sembler anodin voire positif. Mais toutes ces petites décisions mises bout à bout indiquent la direction dans laquelle s’engage l’Education nationale. En attendant la scolarisation obligatoire dès cinq ans...

Sylvain

25.10.04
 
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L’Education nationale dans le n°1 du « Cri du contribuable ».

(merci à Vincent Bénard.)

Voici un nouveau trimestriel dans les kiosques qui devrait intéresser l’ensemble de la population. Les « Contribuables associés » viennent en effet de faire paraître le n°1 du « Cri du contribuable », trimestriel consacré à la véritable utilisation qui est faite des impôts et des taxes que nous payons. Gaspillages, abus en tous genres, privilèges, il y a largement de quoi remplir les 68 pages de ce magazine.
Parmi tout cela, quelques pages sont consacrées à l’Education nationale. Il est notamment rappelé que l’enseignement étatique français coûte environ 100 milliards d’euros par an (toutes dépenses comprises) et qu’avec une telle somme on aimerait que les résultats soient bons (au moins)...
Il est également dit que 161 000 élèves sont sortis du système sans aucune qualification en 2000 et que ce chiffre n’a pas tendance à baisser d’année en année...
On lira aussi avec grand profit l’excellent dossier consacré aux impôts locaux.
Espérons que ce premier numéro sera suivi par beaucoup d’autres !

Sylvain

25.5.04
 
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Dysfonctionnement ?

Une des choses qui paraît toujours étrange aux personnes extérieures au système est le poids des syndicats dans l’Education nationale. Alors que les syndicats dits « représentatifs » sont très peu présents dans les entreprises privées, un nombre encore significatif de personnes travaillant dans le public sont encore syndiquées. Bien sûr, on est loin des années soixante ou soixante-dix où peut-être 80 % des enseignants étaient syndiqués, presque tous dans le même syndicat d’ailleurs. On peut sans doute avancer le chiffre maximum de 30 % d’enseignants actuellement syndiqués dans une demi-douzaine de syndicats différents car « l’offre » s’est beaucoup diversifiée, du moins en apparence. Ce chiffre de 30 % fait contraste avec les 2 à 3 % de travailleurs syndiqués en moyenne nationale...
L’un des effets pervers hérité du monolithisme syndical qui régnait jadis dans l’Education nationale est la cogestion et parfois même la gestion de fait exercée par le syndicat majoritaire. Depuis longtemps par exemple c’est « le syndicat » qui informe les personnels du résultat des mutations ou des changements de poste, les courriers officiels de l’administration arrivant bien plus tard. Je pensais que ce système était un peu en perte de vitesse mais un exemple très récent m’a montré que non.

Il existe chez les enseignants du premier degré (qui regroupe maternelle et élémentaire) deux statuts différents : l’ancien statut d’instituteur et le nouveau statut de « professeur des écoles » mis en place par Lionel Jospin quand il était ministre de l’Education nationale à la fin des années quatre-vingts. Je n’entrerai pas ici dans le détail des différences entre les deux statuts. Tous les nouveaux enseignants du premier degré sont d’office « professeurs des écoles » alors que les instituteurs à l’ancienne peuvent le devenir par concours ou par liste d’aptitude.
Etant enseignant depuis plus de vingt ans, j’étais bien entendu instituteur et j’ai demandé cette année mon intégration dans le corps de professeur des écoles. Et alors me direz-vous ? Eh bien, ce que je voudrais relever ici c’est la façon dont j’ai été avisé de l’acceptation de mon intégration ! J’ai reçu à l’école un courrier du SNUIPP (le « Syndicat national des instituteurs et professeurs des écoles » ) qui est majoritaire aux élections professionnelles du premier degré, qui fait partie de la FSU et qui est d’obédience communiste.
Le courrier reçu ressemble à un tract et se conclue par le message suivant :

« LE SNUIPP T’INFORME, LE SNUIPP DEFEND LES REVENDICATIONS DES PERSONNELS, REJOINS LE SNUIPP. »

Les capitales sont bien dans le texte et un bulletin d’adhésion est glissé dans l’enveloppe.

Faut-il s’étonner qu’un syndicat communiste fasse le travail de l’administration et en profite pour faire sa propre propagande ? Faut-il s’étonner de la connivence ou de la complicité qui unit des nostalgiques de l’URSS et l’administration de l’Education
nationale ?

Sylvain

28.3.04
 
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Education nationale : le début de la misère ?

La vie d’un établissement scolaire, ce n’est pas seulement ce que font les enseignants et les enfants. Il existe une autre catégorie de personnes dont le rôle est essentiel dans le bon fonctionnement d’une école : les personnels de service.
Dans une maternelle, leur travail consiste à nettoyer les locaux, à aider les enseignants à préparer le matériel utilisé dans les classes, à soigner les « petits bobos » des enfants et même parfois à faire travailler des groupes d’élèves.
Mon école maternelle accueille environ 160 enfants. La propreté est quelque chose d’essentiel et tous les locaux sont nettoyés tous les jours.
Les personnels de service dépendent de la ville qui fournit également les produits d’entretien (produit à vaisselle, papier toilette, essuis-tout, savons, produits nettoyants, sacs poubelle, etc.).
Dans ma ville, les services municipaux trouvent toujours que les écoles font une consommation trop grande de ces produits. On accuse presque ouvertement les personnels de vol ou de faire du gaspillage. Sur le terrain, il n’y a pas de vol et tous, y compris les enfants, évitent les gaspillages.
Là où le problème devient moins anecdotique, c’est quand on sait que les femmes de service ont décidé d’acheter à tour de rôle sur leurs propres deniers des bidons de 5 litres de « Carolin » car le produit fournit par la ville est de très mauvaise qualité... ou quand on sait que parfois, la directrice lassée de devoir se lamenter au téléphone, achète elle-même certains de ces produits (qui ne lui seront pas remboursés évidemment).
Non seulement l’Education nationale coûte très cher (toujours le premier budget de l’Etat) pour un résultat trop souvent discutable mais des fonctions de base commencent à « dysfonctionner ». Le dévouement des personnels ne pourra suffire éternellement à palier cette faillite de plus en plus visible du système.
L’échec du collectivisme commence à se voir dans la vie quotidienne...

Sylvain

25.1.04
 
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La CAMIF nous prend pour des c**s !

Vous ne me croyez pas ? Alors, lisez CECI.



20.1.04
 
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Léon Frapié : après la « Maternelle ».
Déjà pour son premier roman intitulé « L’institutrice de Province » paru en 1897, Léon Frapié s’était inspiré de l’école et de la vie professionnelle de sa femme institutrice. Après le succès de la
« Maternelle », il devait continuer dans cette voie puisqu’il publia « Les contes de la Maternelle » en 1913 et « Les nouveaux contes de la Maternelle » en 1919. Il existe également un volume intitulé « La Maternelle, scènes inédites » publié en 1925.

Dans ses « contes » et ses « nouveaux contes », Léon Frapié propose au lecteur des récits en général assez courts qui ne dépassent pas la dizaine de pages. On y retrouve certains personnages du roman la « Maternelle » mais pas systématiquement. On a l’impression de croquis saisis sur le vif et mis en valeur par l’auteur pour leur exemplarité.

Comme il y a bien longtemps que ces textes n’ont pas été réédités, je vous propose "Le tablier", un de ces contes ICI.

Sylvain

« - Il y a entre les gens, des inégalités irrémédiables, dues au hasard de la naissance, à mille différences de répartition dans les dons naturels et dans les avantages ; mais il y a aussi -notamment chez les privilégiés, dont je suis, - un sentiment étonnant, plus fort que tout, irrésistible comme un élément déchaîné, qui s’appelle la solidarité, et qui proclame que, tout de même, il existe une égalité humaine. Ce sentiment fait que les gens vont au secours les uns des autres, sans motif déterminé, en dépit des considérations défavorables, uniquement parce qu’ils sont de la même espèce humaine. En certaine occurrence, on ne peut pas, on ne peut absolument pas supporter le malheur d’autrui... Ainsi moi, c’est une force très haute, qui m’a prise, qui m’a obligée... je n’y suis pour rien... »
« Mademoiselle de Plugis » in « Nouveaux contes de la Maternelle » par Léon Frapié (édition utilisée : Editions Ernest Flammarion, 1926, pages 36 et 37).



1.1.04
 
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Léon Frapié : « La Maternelle »
Première publication : Librairie universelle (1904).
Réédition utilisée : Le Livre de Poche n°490 (1962).
Dernière réédition : éditions Phébus (1997).
Prix Goncourt 1904.

Fonctionnaire employé à la Préfecture de la Seine, Léon Frapié (1863-1949) épouse en 1888 une institutrice. Des anecdotes qu’elle lui raconte, il tire au fil des années une série de romans et de nouvelles ayant pour cadre l’école maternelle telle qu’elle existait à l’époque.
Son deuxième roman intitulé tout simplement « La Maternelle » est paru en 1904 et lui a valu le deuxième prix Goncourt (le premier ayant été décerné en 1903 à un roman d’anticipation d’Antoine Nau : « Force ennemie »).

D’origine bourgeoise et « couverte de diplômes », Rose doit trouver du travail à la mort de son père ruiné. Elle va passer un an, en fait une année scolaire, comme femme de service dans une école maternelle de Ménilmontant. Ecrit à la première personne, ce roman décrit la rencontre, parfois la confrontation entre une population pauvre et parfois misérable et des fonctionnaires travaillant pour une institution étatique, l’Ecole.
Le quartier est pauvre et « sur vingt boutiques, on en compte quatorze de marchands de vin et quatre de brocanteurs. Il y a le vins-restaurant, le vins-épicerie, la fruiterie et vins, le vins-crémier, le vins-tabac, le vins-concert et bal musette, le charbons et vins, le bar, la distillerie, le grand comptoir, et, pour chaque débit, un hôtel meublé. » (page 13, ch. 1)
Donc l’alcoolisme fait des ravages, les familles sont souvent éclatées (aujourd’hui, on dirait « recomposées »...) et les coups donnés aux enfants pour un oui ou pour un non sont choses normales.

L’école comprend trois classes d’environ soixante enfants chacune répartis par âge. Les trois institutrices sont aidées par deux femmes de service (les ancêtres des ATSEM d’aujourd’hui) qui sont chargées entre autres du balayage et du nettoyage de l’école, de la surveillance des enfants si une maîtresse doit s’absenter de sa classe, du nettoyage des enfants en cas « d’accident » sans oublier l’allumage et l’entretien des feux.
La journée de travail de Rose commence à six heures pour s’achever vers sept heures du soir en hiver et vers huit heures en été.
« Je m’inclinai en grande satisfaction. Je n’entrevoyais pas plus de treize à quatorze heures de travail quotidien pour mes quatre-vingts francs par mois et je me disais : il n’y a encore rien de tel que l’Administration. » (page 16, ch. 1)
Il y a aussi bien du positif que du négatif dans l’école maternelle. Côté positif, les activités proposées aux enfants : chants, dessins, histoires racontées et activités manuelles diverses éveillent les enfants qui sont dans l’ensemble bien traités. Côté négatif, les enfants sont trop nombreux et la morale inculquée pesante. Rose se demande par exemple à quoi rime d’enseigner continuellement le respect et l’obéissance envers des parents qui sont souvent menteurs et violents... Si la famille est mauvaise, l’école l’est aussi de faire comme si la famille, par définition était parfaite.

La conviction de Léon Frappié est que les pauvres font trop d’enfants. Dans ce roman, des mères expliquent qu’elles sont obligées de corriger ou de rosser leurs enfants, surtout les aînés, que c’est nécessaire et même que ça les soulage... L’auteur pense qu’il n’existe pas de morale absolue et que les actes des hommes ne peuvent être jugés qu’en fonction des circonstances et des situations dans lesquelles ils sont plongés.
On ne discerne pas bien donc ce qu’on devrait faire, d’après lui pour améliorer les choses, à part faire tout son possible pour quitter la misère et rejoindre la bourgeoisie, ce que fait Rose d’ailleurs à la fin du livre. L’expérience historique montre que seul le développement économique et donc la croissance économique permettent à un grand nombre de personnes d’échapper à la misère...
Car il s’agit là d’une question essentielle. On dit souvent chez les libéraux -et on a raison de le dire- que la misère est malheureusement l’état naturel de l’humanité et que ce qu’il faut expliquer, c’est pourquoi certains hommes à certaines époques et dans certains pays ont réussi à y échapper durablement...

En tout cas, et pour revenir à ce roman, voilà un livre passionnant à lire et qui peut être une source de réflexions portant aussi bien sur l’école que sur les enfants et sur le problème de la misère.

Ce roman a été rédigé avant 1904 et les enfants du récit ont de deux à six ans. Dix ans plus tard, ceux qui ont servi de modèle à l’inspiration de Léon Frapié auront grandi et seront jetés au coeur d’un autre cauchemar. Combien en reviendront ?

Sylvain

P.S. : ce roman a même inspiré Georges Brassens dans la chanson « Don Juan », voir cette page où on trouve la déclaration suivante :
« Par contre, connaissant bien la pudeur du macho moyen à témoigner de ses émotions, je lui ai attribué cette boutade sexiste que je lui fais répéter comme une excuse: « Cette fille est trop vilaine, il me la faut », comme pour lui permettre de dissimuler sa sensibilité, lui donner l'impression qu'il ne ternissait pas son aura de mâle dominant en étant généreux.
Je rappelle que je dois cette assertion à Léon Frapié qui écrivait dans « La maternelle »: « Il est trop vilain, cet avorton : il faut que je l'embrasse ». »

On trouve aussi dans cette chanson cette profession de foi quasiment libertarienne :
« Gloire à qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint
se borne à ne pas trop emmerder son voisin ! »


Lien :

Une présentation de ce roman par Eric Dussert ici.

Extraits :

« Louise Guittard manquait à l’appel depuis trois semaines, j’avais entendu parler d’un coup de pied trop sévère lancé par son pseudo-père. A quatre heures (...), j’ai appris qu’elle avait la jambe cassée : une chute dans l’escalier, dit-on sans insister, il a fallu la placer à l’hôpital. (...)
Et voilà que j’entends, au passage, une voix émue, heureuse :
« Pauv’ gosse ! d’avoir la jambe cassée, elle n’a jamais été à pareille fête ! »
Je suis demeurée ébahie devant l’air émerveillé, attendri de toutes les ménagères, y compris la principale intéressée. Du reste, celle-ci m’a saisi par le bras et m’a fourni des explications avec complaisance et fierté, pour m’éblouir en même temps que les autres commères :
« Figurez-vous que Louise a un lit ! un vrai lit ! du linge blanc ! des repas réguliers... Mme la directrice l’a visitée et lui a apporté une poupée. »
C’est une joie qui emplit les coeurs et gagne tout le trottoir ; le rassemblement augmente : décidément, d’avoir la jambe cassée, elle n’a jamais été à pareille fête ! Pauv’ gosse, quel bonheur pour elle ! Les yeux en sont tout humides.
Une pointe d’envie se discerne dans l’enchantement de certaines mamans et des regards se promènent sur des moutards, comme si l’on cherchait ce qu’on pourrait bien leur démolir. »

(pages 205-206, ch.7)

« Voici les enfants Chéron qui s’approchent. Trois qualités de produits : bonne, médiocre, mauvaise. L’aîné, Léon, six ans, a été élevé par sa mère, c’est un bon petit garçon, à l’intelligence droite, à volonté assez accentuée. Le second, quatre ans, a été mis en nourrice, il a souffert, il est moins intelligent, moins énergique. Le troisième a été confié à la crèche. Les enfants de la crèche se reconnaissent entre tous : ils sont plus vieux, plus décolorés, plus mécanisés ; ils portent en bêtise sournoise la marque de l’élevage administratif. »
(page 218, ch.8)

29.12.03
 
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Le « Débat national sur l’avenir de l’Ecole » : compte-rendu libertarien d’une réunion publique.

Avertissement :
je suis enseignant dans le premier degré depuis plus de vingt ans et j’ai longtemps travaillé en ZEP en élémentaire. J’ai cru pendant longtemps aussi au discours pédagogiste dominant aujourd’hui dans les écoles et dans les médias. J’en suis revenu. Je crois que nous arrivons aux limites du système étatiste actuel. L’Education nationale engloutit toujours plus d’argent pour des résultats totalement insuffisants. Pour faire court, il faut bien reconnaître que les organisations collectivistes n’ont pas fonctionné dans les anciens pays communistes, on ne voit pas pourquoi elles pourraient mieux fonctionner aujourd’hui en France...
C’est aux parents d’être responsable de l’éducation donnée à leurs enfants. Il faudra bien un jour que les parents reprennent cette liberté qui leur a été confisquée depuis trop longtemps par les hommes de l’Etat et les fonctionnaires.
J’apporte aujourd’hui ma contribution au débat en rédigeant ce compte-rendu car il est important que les réunions qui ont eu lieu laissent des traces.

Cela se passe samedi 13 décembre 2003 à Nogent sur Oise en Picardie à une cinquantaine de kilomètres au nord de Paris. Les enseignants de la circonscription ont été invités à participer mais nulle obligation ne leur a été faite. Ceux qui ont préféré rester dans leur école pour préparer Noël (sans leurs élèves) ont pu le faire. Réunion publique, quelques parents d’élèves non enseignants sont venus.

1ère partie : compte-rendu :

Une centaine de personnes (peut-être plus) sont là. Les règles du débat sont présentées par les membres de l’équipe d’animation : la durée est limitée à 3 heures, le débat est impartial, la prise de parole est limitée à 3 minutes et une synthèse sera rédigée par l’équipe d’animation (même que cette synthèse passera par-dessus la hiérarchie et sera envoyée directement à la Commission nationale). Les notes sont prises par l’inspectrice de circonscription qui en tant qu’organisatrice et partie prenante du système éducatif n’a pas le droit d’intervenir dans le débat.

L’équipe d’animation est constituée de quatre personnes dont une directrice d’école, un conseiller pédagogique et un parent d’élève représentant la FCPE, la plus importante association (très engagée à gauche) de parents d’élèves. Elle est de plus présidée par un retraité de l’Education nationale. Cette équipe sera rejointe un peu plus tard par le premier maire adjoint (classé divers droite) de la ville.

La Commission nationale du débat sur l’école a défini 22 sujets de débat répartis en 3 rubriques. L’équipe d’animation a dû choisir 3 sujets, 1 par rubrique. Voilà les sujets sur lesquels il faudra plancher ce matin :
- rubrique 1 : « Définir les missions de l’école », sujet 5 : « Quel socle commun de connaissances, de compétences et de règles de comportement, les élèves doivent-ils prioritairement maîtriser au terme de chaque étape de la scolarité obligatoire ? » ;
- rubrique 2 : « Faire réussir les élèves », sujet 12 : « Comment les parents et les partenaires extérieurs de l’Ecole peuvent-ils favoriser la réussite scolaire des élèves ? » ;
- rubrique 3 : « Améliorer le fonctionnement de l’école », sujet 21 : « Faut-il redéfinir les métiers de l’Ecole ? ».

Et c’est parti.
Le premier sujet est redéfini plus simplement par le président sous la forme de la question « Quelles sont les matières fondamentales ? » Un premier intervenant remarque qu’il y a beaucoup d’enseignants dans la salle et peu de parents non enseignants, probablement moins d’une dizaine. Intervention de l’inspectrice qui explique que les enseignants étaient invités et que la réunion est publique.
Suivent des interventions disant qu’il vaudrait mieux définir quelles sont les matières non fondamentales et rappelant qu’en Allemagne (!) le temps scolaire n’est pas organisé comme en France (pas d’école l’après-midi). Un père non enseignant intervient pour dire que l’école s’ouvre sur l’Europe, ce qui est très bien mais qu’il faudrait aussi « ouvrir plus loin ». Le même demande que l’école tienne compte des industries de demain pour former les jeunes et que l’anglais soit enseigné plus tôt.
Intervention véhémente d’un enseignant probablement d’extrême-gauche rappelant les mouvements « sociaux » de mai-juin dernier, dénonçant « l’école à la botte des patrons » et réclamant une « école égalitaire » pour « construire des citoyens qui veulent changer le monde » car dit-il « la faim dans le monde », le « Forum Social Européen », « la laïcité », etc.
D’autres interventions emboîtent le pas et expriment l’envie de parler des salaires, des retraites, du manque de moyens et posent la question « qui a choisi les sujets ? ». Le président réexplique que des règles ont été imposées et l’inspectrice intervient une deuxième fois pour les préciser.
Suite à cet échange, deux parents non enseignants partent (dont celui qui demandait que l’école tienne compte du marché du travail). Un autre parent intervient pour dire qu’il regrette d’être venu.

Retour au débat.
La place de l’école maternelle : d’abord, donner le goût de lire. Peut-être rendre l’école maternelle obligatoire dés la petite section ? L’inscription à l’école maternelle ne vaut-elle pas engagement des parents ? Plainte à propos des familles qui pratique l’absentéisme sans raison valable. Intervention du maire adjoint qui approuve les enseignants mais qui rappelle que les enfants sont très divers. Intervention de l’inspectrice pour rappeler que c’est l’instruction qui est obligatoire à partir de six ans et non la scolarisation.
Puis l’élémentaire : problème des enfants qui partent « au pays » avant les vacances ou qui reviennent après la rentrée. Cette intervention est qualifiée de hors-sujet par un membre de l’équipe d’animation.
Retour à l’école maternelle : quel en est le programme? Quid de la laïcité ? Réponse : apprendre à vivre en société. Les parents attendent de plus en plus de l’école, notamment sur le plan de l’éducation.
Autre question : pourquoi les classes maternelles ne peuvent-elles plus aller à la médiathèque de Nogent ? Réponse du maire adjoint qui explique que l’on fait ce qu’on peut et que les écoles et les BCD ont été richement dotées par la municipalité. Mais de toute façon, on va essayer de faire mieux. Par ailleurs, le maire-adjoint explique que les parents ne se précipitent pas pour les inscriptions scolaires, ce qui posent parfois des problèmes d’organisation aux services municipaux.
Recentrons le débat.
Il ne faut pas accepter l’absentéisme dans les classes. Le même gauchiste qu’au début : et la marchandisation de l’école publique ? Et que se passera-t-il quand l’école sera privatisée ? (rires dans la salle).
Intervention sur les cycles : les cycles, c’est bien mais à condition qu’il y ait des équipes pédagogiques donc de la concertation, donc des moyens supplémentaires. Comme il n’y a pas de moyens supplémentaires, il faut remettre en cause les cycles. Mais d’autres intervenants défendent les cycles au nom de « l’enfant au centre du système éducatif ». Mais il faut des moyens. Mais le temps...

Il est 10 heures 20, il est temps de passer au deuxième sujet : le partenariat enseignants-parents.
Le représentant de la FCPE remercie longuement les enseignants et dit que le respect doit être réciproque, veut la coéducation et dit qu’il faut avancer ensemble. Il rappelle que la FCPE soutient les revendications catégorielles des enseignants.
Une intervention pour expliquer qu’il faut recevoir les parents régulièrement mais que c’est du temps pris sur la vie privée des enseignants.
Après avoir été sollicitée, une mère non enseignante explique qu’elle n’a rien à dire mais qu’elle est très contente des écoles où ses enfants sont allés.
Question : comment diffuser les « bonnes idées » ? Explication sur l’auto-organisation des écoles maternelles le samedi matin (où il y a nettement moins d’élèves qu’en semaine).
Problème du départ massif cette année des enseignants d’une école de Nogent (école des Coteaux).
D’après certains chercheurs, les relations parents/école sont forcément conflictuelles. Pour éviter cela, il faut du temps (15 ou 20 ans), la stabilité des équipes, le respect...
Regret exprimé du faible nombre de parents non enseignants présents car ils représentent la « société civile ».
Et les parents ? Les enfants ont parfois faim, froid, ils ont parfois sommeil.
Problème des devoirs à la maison. On rappelle qu’ils sont toujours interdits.
Le maire adjoint intervient longuement pour expliquer ce que sont le « Contrat éducatif local » (CEL), selon lui un bon système à améliorer et le « Projet éducatif local » (PEL), la même chose au niveau de la communauté de communes, encore embryonnaire.
Mais quel est le rapport avec le débat ? Est-ce une publicité pour la municipalité ? Bien sûr que non, la preuve c’est que la communauté de communes creilloises est variée idéologiquement...
Intervention de quelqu’un qui réclame que tous les enseignants aient les mêmes conditions de travail car il y a des disparités entre les communes.
Intervention du maire de Mélo, un petit village de 400 habitants qui scolarise 54 enfants. Il explique qu’il se bat pour conserver son école. Cette année, les enseignants ont changé et ça n’a pas été facile.
Intervention pour dénoncer le désengagement (?) de l’Etat. L’Education nationale devrait fournir les photocopieuses et les ordinateurs.
Le représentant de la FCPE intervient pour rappeler que son association organise des réunions d’information et de formation à destination des parents. Il demande que les enseignants en fassent de la publicité auprès des parents de leurs élèves.

Il est maintenant 11 heures 10, la troisième partie du débat peut commencer.
La directrice d’école membre de l’équipe d’animation fait brièvement la liste des métiers des non enseignants de l’Education nationale. Faut-il redéfinir tous ces métiers ?
Plaintes à propos de l’augmentation du travail administratif des enseignants (cahier-journal, fiches de préparation, etc.). Il y a trop d’écrits à rédiger. Malaise des enseignants qui passent des heures et des heures à faire des projets et les moyens qui ne suivent pas...
Demande que les enseignants soient formés au brevet de secourisme.
Rappel que « la main à la pâte » est basée sur le volontariat.
La fatigue de l’assistance commence à se faire sentir, il y a désormais quasiment en permanence un bruit de fond.
Quelqu’un fait remarquer qu’il y aura forcément des questions en dehors du débat prévu.
Nouveau : les auxiliaires de vie scolaire accompagnent les enfants en grande difficulté (notamment des enfants handicapés) mais « nous, on n’en a pas ». Problème pour les parents d’enfants dont on pointe les difficultés. Il y a de nombreuses « intégrations » (sous-entendu : « d’enfants handicapés ») « à la sauvette » sans aide pour les enseignants (pas de formation, etc.).
Retour à ce que doit faire un enseignant : beaucoup trop de choses. On nous en demande de plus en plus (« sans avoir été augmentés »). Dénonciation du prétendu (?) absentéisme des enseignants, du « double-bind ». Le débat tourne maintenant à la séance de défoulement.
Le rôle des enseignants doit être redéfini plus précisément. Encore le manque de moyens. Il faut revoir la formation des enseignants et leur faire confiance.
Cas de « défaut de soins » pour les parents d’enfants handicapés qui peuvent entraîner la déscolarisation des enfants.
Où est la médecine du travail pour les enseignants ?

Il est 11 heures 50, l’heure de la conclusion.
Le président affirme que la réunion a été très riche (sic). Il garantit que les résultats du débat seront transmis. Le compte-rendu ira directement à la commission nationale et sera disponible sur Internet.

2ème partie : quelques commentaires.

Pas facile de faire le compte-rendu d’une réunion où les choses sont un peu parties dans tous les sens. Quelques phénomènes fort intéressants peuvent être néanmoins relevés.

- Le fait le plus important s’est produit peu après le début de débat : deux pères non enseignants qui ont tenté de « jouer le jeu » de ce débat national ont quitté la réunion. Dans une société collectiviste comme la notre, il faut être bien naïf pour croire que les politiciens qui nous gouvernent tiendront compte de l’avis réel de la population. Les malheureux qui ont tenté de s’exprimer ont vite été mis au pas. A cette confiscation de la parole par les « hommes de l’Etat », il n’y a qu’une solution : retirer aux fonctionnaires et aux politiciens le pouvoir exorbitant de décider de l’avenir de nos enfants.

- Lié au premier point, l’omniprésence des enseignants. Non seulement, ils ont constitué au moins les neuf dixièmes des personnes présentes, mais en plus toute l’organisation est confiée à des enseignants (une directrice, un conseiller pédagogique, un retraité de l’Education nationale, un représentant de la FCPE - association symbiotique du monde enseignant - constituent l’équipe d’animation...).

- La demande récurrente, presque obsessionnelle de moyens supplémentaires. Il semble que les enseignants refusent de savoir que les dépenses de l’enseignement en France ont quasiment doublé en vingt-cinq ans (d’après les chiffres officiels, la dépense moyenne par élève tous niveaux confondus est passée de 3480 euros en 1975 à 6470 euros en 2002). Ils savent bien pourtant que l’Education nationale est le premier budget de l’Etat (le deuxième étant le paiement des intérêts de la dette...). Pour quel résultat ? La voilà, la question tabou.

- L’absence de retenue des « officiels » qui n’hésitent pas à faire sans vergogne leur publicité. Que ce soit le représentant de la FCPE ou le maire adjoint, ils n’hésitent pas un instant à utiliser à leur profit la tribune qui leur est offerte sans susciter la moindre réaction hostile.

- Et puis un grand absent dans ce débat : l’avenir de l’école qui était quand même le sujet principal. Très peu de réflexions ou d’idées pour ne pas dire aucune, sur l’avenir de l’éducation en France. En fait, les enseignants n’imaginent pas que les choses pourraient changer d’où les rires quand le gauchiste de service a dénoncé la future privatisation du service « public ». Ce qu’il faut faire d’après les enseignants pour résoudre les problèmes du système éducatif français ? La même chose qu’aujourd’hui mais en pire...

Sylvain

P.S. : Bien entendu, je ne prétends pas que tous les débats se sont passés, se passent ou se passeront exactement de la même façon, après tout 15 000 réunions publiques sont prévues. Peut-être qu'ailleurs, le représentant de la FCPE est remplacé par quelqu'un de la PEEP, en tout cas, je l'espère. Les thèmes de débat aussi seront différents. Ceci dit, vu l'omniprésence et le nombre des enseignants présents, le résultat sera sans doûte assez similaire...

Lien :

Site officiel du Débat national sur l'avenir de l'Ecole : ici.

7 janvier 2004 : réponse de la commission nationale :

"Nous vous remercions de votre courriel et de vous être rendu dans une des réunions du débat national sur l'avenir de l'École. Votre témoignage très vivant sur la réunion à laquelle vous avez assisté nous permet de compléter les informations que nous avons sur la manière dont se sont déroulés les débats « sur le terrain ». Celles-ci font apparaître des situations très diverses que ce soit sur le plan de la participation ; de la représentativité des enseignants, parents et élèves ou sur le plan du déroulement de la réunion. Cette diversité est le reflet de l'hétérogénéité des situations locales. Pour ce qui est de la derniere partie de votre propos, le secrétariat de la Commission est bien désolé "que vous soyez resté un peu sur votre faim" quant au contenu du débat toutefois, il n'a pas pour fonction de se prononcer sur le fond des contributions, il a en revanche vocation à collecter les différents points de vue, opinions et propositions. Nous pouvons donc vous assurer que le contenu de votre envoi sera analysé et sera intégré au grand dossier du débat.

Le secrétariat de la Commission du débat national sur l'avenir de l'École"


P.S. du 30 juillet 2004 :
J'ai trouvé sur le site officiel du débat le compte-rendu officiel aussi de cette rencontre. On peut le télécharger ICI.

21.12.03
 
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Bon sens ?

1 : Pendant longtemps il a été de tradition dans l’Education nationale de confier les postes les plus difficiles, ceux dont personne ne voulait aux jeunes instituteurs frais émoulus de l’Ecole normale. Depuis quelques années, un progrès a été accompli. Les nouveaux professeurs des écoles sont nommés (sauf volontariat) pour un an dans un poste situé hors ZEP. Un an de sursis suivi d’une plongée dans les quartiers difficiles qui peut durer des années... Je connais des enseignants qui ont très, mais vraiment très mal vécu leur deuxième année professionnelle...

2 : Dans l’Education nationale les instituteurs nommés dans une école sont titulaires de leur poste mais pas du niveau de leur classe. Ils peuvent très bien changer de niveau d’une année sur l’autre si les circonstances le demandent. Par ailleurs, tout le monde est d’accord pour dire que les années de CP (où les élèves font l’essentiel de leur apprentissage de la lecture) et de CM2 (qui précède l’entrée au collège) sont cruciales dans la scolarité des enfants. Mais alors pourquoi des institutrices enceintes sont-elles trop souvent chargées de classes de CP ou de CM2 à la rentrée scolaire ? Les institutrices ont bien sûr le droit d’avoir des enfants (et la joie qui normalement va avec) mais est-ce que les équipes pédagogiques des écoles élémentaires ne pourraient éviter de confier ces niveaux sensibles à des institutrices dont on sait qu’elles ne passeront pas l’année entière avec leurs élèves ?

Sylvain

20.12.03
 
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Donc l'Empire de Constantin renaît et il nous parle d'éducation...
Mais je suis un peu déçu.

Constantin a écrit:
"J’ai cependant la ferme conviction que le problème est présent partout, même s’il se manifeste de façon différente. Pour que l’enseignant puisse enfin reprendre son vrai rôle, il importe que les parents prennent enfin conscience de leur responsabilité dans l’éducation de leurs enfants. C’est seulement à cette condition que l’enseignement pourra entreprendre de se réformer. Sans cela, toute tentative de réforme sera impitoyablement vouée à l’échec. "

Constantin pose le problème de l'attitude des parents qui ont tendance à attendre tout de l'école mais qui dans le même temps ne soutiennent pas le travail et les exigences des enseignants.
(Remarque en passant : les parents d'élèves eux-mêmes enseignants ne sont pas les derniers à agir ainsi.)
Je suppose que la situation est assez comparable en France et en Belgique et je voudrais faire remarquer à Constantin (mais il sait ces choses là mieux que moi) que dans un système éducatif étatisé comme l'est le notre, les choses ne peuvent pas être différentes.
Les hommes de l'Etat dépensent beaucoup d'argent et d'énergie pour infantiliser et déresponsabiliser les parents... Notre civilisation est peut-être un cas unique dans l'histoire où ce ne sont pas les parents qui sont responsables de l'éducation de leurs enfants mais des politiciens et des fonctionnaires.
Les "tentatives de réforme" du système éducatif dans le cadre étatiste et collectiviste actuel sont donc logiquement vouées à l'échec. Quand les parents seront les clients libres d'entreprises d'éducation, les choses changeront et parents comme enseignants redécouvriront et la liberté et la responsabilité.

Sylvain

P.S. : il est très symptômatique de l'état d'esprit qui règne chez les enseignants qu'un fil de discussion ouvert sur le site officiel du débat national sur l'avenir de l'éducation et d'abord consacré au problème des enseignants mauvais (incompétents, alcooliques, insultants leurs élèves, etc.) ait tendance à devenir un fil sur lequel on fait le procès des mauvais parents ! Un jour, les enseignants nous expliqueront qu'il faut instaurer un permis pour devenir parent...

15.12.03
 
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Choses vues (2) :

C'est bientôt Noël et il est de tradition dans cette maternelle de faire venir un spectacle à  l'école la semaine précédant les vacances. Cette année, c'est un spectacle de magie qui a été choisi. Le magicien est habillé en aviateur et le thème du spectacle est les voyages. Tout se passe bien et nous avons droit à quelques classiques de la prestidigitation : mouchoir qui disparaït, cordes qui s'unissent pour n'en former qu'une, etc.
Et puis un petit moment de jonglerie. Trois balles, deux jaunes et une rouge. Le magicien explique aux enfants que les deux balles jaunes jouent ensemble (il les fait jongler ensemble) mais qu'elles ne veulent pas jouer avec la balle rouge parce qu'elle est différente. Heureusement, la balle rouge peut faire des choses nouvelles (le prestidigitateur intègre la balle rouge dans son numéro et la lance plus haut que les autres). Les balles jaunes sont très contentes et font pareilles que la balle rouge. Comme l'explique le prestidigitateur, elles ont compris qu'on peut vivre ensemble en harmonie. Il ajoute : " Rappelez-vous cette histoire les enfants, ça pourra vous servir plus tard".
De quoi est-il question ? D'une éducation à  "l'antiracisme" ? Déjà ? Pour des enfants si jeunes ? Ne serait-ce pas plutôt un clin d'oeil démagogique aux enseignants présents dans la salle et qui ont le pouvoir de faire revenir éventuellement ce prestidigitateur et qui parleront autour d'eux de ce spectacle ?
Ah ! misère du politiquement correct...

Sylvain

P.S. (qui n'a rien à  voir) : les enfants de maternelle ont beaucoup de mal à  observer un silence complet, il y a toujours un bruit de fond plus ou moins fort. Pourtant, là , pendant ce spectacle, il y a eut un moment où l'on aurait littéralement entendu une mouche voler. C'est quand le magicien a allumé une bougie et a pris ensuite un morceau de fil à  coudre qu'il a coupé en plusieurs petits morceaux avec la flamme de la bougie...
Pourquoi ce soudain grand silence ? Les enfants ont été fasciné par la flamme et le feu. Est-ce un souvenir de nos ancêtres préhistoriques pour qui le feu a joué un rôle crucial ?
Professeur Gouillou, pardon, Monsieur Gouillou avez-vous une réponse ?

[Ajout du 14 février 2004 :
D'autres phénomènes provoquent le même genre de réaction : la neige qui tombe, l'eau qui coule, les images de la télévision, les champs de lave, etc. Il se pourrait que ces mouvements soient remarquables en ce qu'il s'agit des rares mouvements persistants dans notre environnement. La plupart des objets en mouvement autour de nous sont fugitifs ou finissent par nous frapper. Mais le feu a peut-être quand-même quelque chose de spécifique. A suivre donc...
(Merci à Philippe Gouilllou et à Oleg.)

Par ailleurs, voici ce qu'écrit Neal Stephenson dans son roman de Science Fiction "L'âge de diamant" :
"Il ouvrit un tiroir de son secrétaire et en sortit un rouleau de papier médiatronique épais et brillant, décoré de scènes de Noël animées : le Père Noël passant par la cheminée, son attelage de rennes balistiques, les trois souverains zoroastriens descendant de leurs dromadaires devant l'étable. Un ange passa tandis qu'Hackworth et Finkle-McGraw contemplaient les scénètes ; l'un des risques à vivre dans un monde truffé de médiatrons était que les conversations se voyaient toujours interrompues de cette façon, ce qui expliquaient pourquoi les Atlantéens tenaient à limiter le plus possible les accessoires médiatroniques. Vous pénétriez sous le toit d'un thète, et chaque objet était recouvert d'images animées, et tout le monde restait assis bouche bée, les yeux sautant des personnages paillards cabriolant sur le papier toilette médiatronique, aux elfes exorbités jouant à chat dans le miroir de la salle de bain, et à..."
"L'âge de diamant" (éd. Rivages, col. "Futur", 1996, page 116)]

P.P.S. (qui n'a rien à voir mais dans lequel il est quand même question de couleurs) : je me souviens de la réflexion d'une institutrice proche de la retraite il y a une vingtaine d'années. Elle me faisait part de son étonnement devant le fait que les petits enfants noirs ne se représentent jamais coloriés en marron. Plus tard j'ai entendu des professeurs en élémentaire demander à des enfants noirs qui devaient se représenter de se colorier en marron... chose qu'ils ne faisaient pas spontanément. Etonnant, non ?

10.12.03
 
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A propos du voile à l'école : un point de vue libéral.

Je me permets de reproduire un article de Jacques Garello que je trouve tout à fait excellent (texte provenant du site www.libres.org).

"LE VOILE ET LA CROIX

Je crains que le débat autour du voile islamique soit mal engagé : les deux réactions les plus fréquentes sont celles de la tolérance zéro et de l’éloge de la laïcité. Pour les uns, ceux qui viennent dans notre pays ont à se plier non seulement à nos lois, mais aussi à nos moeurs. La France, fille aînée de l’Eglise, se reconnaît dans la croix, nos traditions culturelles ne peuvent pas être parasitées par un islamisme militant. Pour les autres, la laïcité républicaine est la meilleure réponse : ni croix ni voile. C’est sur cette dernière doctrine que semble s’aligner le gouvernement. Bien que ma sympathie aille plutôt à la thèse de l’enracinement chrétien de notre nation, fière cependant d’avoir accueillie pendant des siècles des minorités chassées par la misère ou la répression, je ne crois pas qu’elle puisse faire l’unanimité aujourd’hui, la déchristianisation est croissante et le sentiment religieux s’exprime davantage dans les mosquées et les temples bouddhistes que dans les églises. Quant à la laïcité, elle impliquerait une totale séparation de la religion et de l’Etat, ce qui ne signifie pas l’opposition de l’Etat à la religion, et encore moins la religion de l’Etat Républicain (qui a inspiré par exemple le « baptême républicain »). La solution à nos problèmes me paraît simple, tellement simple qu’on ne la voit pas. Il suffit en effet d’assortir la liberté religieuse, la liberté scolaire et la liberté du culte pour mettre fin aux drames actuels. Mais cela suppose évidemment la fin du service public unique et laïque de l’Education Nationale (SPULEN) inscrit dans le Programme Commun de la Gauche en 1973, mais reconnu de fait depuis 1905 au moins. Que se passerait-il en effet dans une société de liberté ? Les familles choisiraient l’école la plus conforme à leurs croyances religieuses respectives, incluant des établissements agnostiques où les enfants n’entendraient jamais parler de Dieu. Ici on aurait le crucifix sur les murs ou la croix sur la poitrine, là on porterait le voile, ailleurs la Kippa, parfois la robe de moines tibétains. Veut-on construire une mosquée, un temple, une synagogue, une chapelle ? Ce sont les fidèles qui achètent le terrain et paient la construction. Doit-on chômer le dimanche, le samedi, le vendredi ou tout autre jour ? C’est aux relations contractuelles entre libres individus, employeurs et employés, de le déterminer. Sans doute la pratique sociale aboutirait-elle à dégager des règles acceptables pour tous. Sans doute de nouvelles formules seraient-elles explorées. C’est ainsi que naissent les institutions durables. Par l’effet des télécommunications, ne sommes-nous pas en liaison permanente avec des partenaires qui sont décalés dans le temps, dans leurs langues, dans leurs cultures ? Qu’on ne m’oppose pas le risque d’acculturation ou de matérialisme ; la concurrence est stimulante, pour les religions comme pour les entreprises. Les Etats-Unis, pays de la profusion religieuse, est aussi celui de la pratique religieuse la plus intense (150 millions d’Américains fréquentent les lieux de culte chaque semaine). Evidemment, un tel système implique que l’Etat se dessaisisse de toute intervention dans ce domaine. Les deux points d’intérêt public qui demeurent dans sa compétence sont d’une part d’assurer la protection des libertés religieuse et scolaire, d’autre part de donner aux familles les plus démunies les moyens financiers d’envoyer leurs enfants à l’école de leur choix –encore peut-on trouver d’autres formes de solidarité. A l’exception de ce dernier point, aucun argent public, donc aucun impôt, ne saurait être utilisé à financer des initiatives qui relèvent du domaine purement privé. On est évidemment à l’opposé de cette société de libertés, et voici ce qui explique la « bataille du voile » : l’éducation est dispensée dans des établissements publics disposant d’un monopole de droit et de fait. Qui maîtrise ces établissements maîtrise le pouvoir intellectuel, et peut façonner les jeunes esprits à sa guise. Hier les marxistes ont domestiqué l’enseignement primaire, secondaire et supérieur ; ils y ont magnifiquement réussi et ont pu imprégner de leur idéologie trois générations de Français. Aujourd’hui ce sont les islamistes qui tentent de les imiter. L’affaire du voile n’est jamais que le premier acte de la conquête du pouvoir par des intégristes fanatiques. C’est une provocation calculée, un terrorisme intellectuel, contre lesquels la défense ne consiste pas à opposer une répression au demeurant hésitante, mais à briser le monopole et l’idée même de service public unique et laïque. La centralisation du pouvoir rend plus facile sa conquête par ceux qui mènent des visées impérialistes. Lénine l’avait compris, les communistes l’ont fait, les islamistes le font."

Jacques Garello


Lien :

Le site personnel de Jacques Garello.

 

 
   
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